Source : Diario Presencia
Le 13 juin 2016
Traduction : Fanny E. (Publication originale en espagnol le 18 mai sur le site de l’ACDV et le 4 mai 2016 dans le journal Diario Presencia)
Nota: L’ACDV souhaite exprimer sa sincère gratitude et son admiration à l’équipe éditoriale du journal Diario Presencia pour son article du 4 mai 2016 sur l’affaire Yarold Leyte Quintanar. Conscients des pressions subies par les journalistes au Mexique, en particulier dans l’État de Veracruz, nous saluons le courage de l’équipe Diario Presencia et son engagement pour la vérité. Nous souhaitons par ailleurs faire part de nos inquiétudes quant à la pratique encore courante d’imposition d’articles aux médias par les autorités mexicaines, articles dont le contenu n’a pas fait l’objet d’un examen indépendant. C’est entre autres sur cette pratique généralisée dans ce pays que nous enquêtons, depuis que notre organisme a pris la défense de Florence Cassez, depuis l’année 2009. Nous rendons hommage à la témérité des journalistes et des équipes éditoriales qui décident de ne pas céder à ce type de pression inadmissible dans un état démocratique.
Un jeune homme accusé d’homicide aurait avoué le crime sous la torture
Un organisme de défense des droits de la personne dénonce le recours à des méthodes anticonstitutionnelles, qui ont permis l’inculpation du jeune homme.
L’Association Canadienne pour le Droit et la Vérité (ACDV) étudie actuellement l’affaire Yarold Leyte Quintanar, un jeune homme de Veracruz appréhendé le 13 mars 2012 à son domicile par des agents de l’Agence d’Investigation de Veracruz (AVI).
Cette organisation non gouvernementale (ONG) canadienne, qui avait déjà défendu Florence Cassez, s’est donné pour mission de défendre les droits des personnes dont la culpabilité aurait été fabriquée. Ces personnes sont parfois soumises à la torture dans le but leur faire avouer des crimes qu’elles n’auraient pas commis.
Yarold Leyte Quintanar a été déclaré coupable de l’homicide de María Teresa González González, survenu le 28 février 2012 dans le quartier de Valle Alto, au nord de Veracruz.
María González travaillait pour une succursale du groupe Compartamos et était allée réclamer de l’argent à l’inculpé. La discussion aurait mal tourné et la femme aurait perdu la vie des mains du jeune homme.
C’est la version que l’AVI a donnée aux médias à l’époque, après avoir rendu visite à Yarold Leyte, qui faisait partie de la liste de créanciers de la disparue. Quand les agents sont arrivés, ont déclaré les autorités, le jeune homme a pris la fuite. Il a avoué le crime après avoir été rattrapé.
Toutefois, selon la version de Yarold Leyte, les agents sont arrivés à son domicile le 13 mars, l’ont menotté, l’ont amené dans un véhicule civil et ont commis divers actes de tortures à son encontre.
Ces actes de torture visaient à lui faire avouer le meurtre de María González, dont le corps sans vie a été trouvé dans une maison située face au domicile du jeune homme. « Au bout de quelque 10 heures de torture physique et psychologique, de menaces de mort et de menaces contre l’intégrité physique de ses enfants et de son ex-épouse, Yarold Leyte a fini par avouer l’homicide de María González », a déclaré l’Association Canadienne pour le Droit et la Vérité sur sa page Web.
Yarold Leyte aurait été contraint de dire que María González est morte d’asphyxie, mais l’autopsie révèle que celle-ci est décédée des suites d’une hémorragie provoquée par un coup de couteau à l’abdomen, ce qui crée une incohérence dans l’affaire.
L’ONG accuse le système judiciaire de Veracruz de recourir à la torture pour fabriquer des coupables, comme en témoigne l’affaire Yarold Leyte, dont la confession était l’unique élément pouvant justifier sa mise en examen. Le jeune homme est détenu depuis trois ans au Centre de réinsertion sociale (Cereso) de Tuxpan pour l’homicide de María González, en vertu de la décision pénale 55/2012-VII.