Source : 20 minutes France / AFP
Le 28 juin 2016
Au Mexique, les autorités abusent sexuellement des femmes arrêtées, affirme Amnesty
Amnesty International a enquêté sur les cas de 100 femmes incarcérées dans des prisons mexicaines…
Les forces de sécurité mexicaines font régulièrement subir des abus sexuels aux femmes arrêtées afin d’obtenir des « aveux », révèle Amnesty International dans un rapport publié ce mardi.
L’ONG basée à Londres a enquêté sur les cas de 100 femmes incarcérées dans des prisons du Mexique. Toutes ont déclaré avoir subi des formes de harcèlement sexuel ou d’abus psychologiques lors de leur arrestation et de leur interrogatoire.
« La violence sexuelle utilisée comme forme de torture semble s’être banalisée »
Selon Amnesty, « 72 ont dit avoir été agressées sexuellement pendant leur arrestation ou dans les heures qui ont suivi. Trente-trois affirment avoir été violées. »
« Quand on parle de violence contre les femmes, la méthode préférée de l’État [mexicain] est la violence sexuelle. Ça a été une découverte effrayante », commente à l’AFP Madeleine Penman, auteure du rapport.
« Ce que décrivent ces femmes donne un aperçu choquant de la prévalence de la torture contre les femmes au Mexique », estime Erika Guevara-Rosas, directrice pour les Amériques d’Amnesty International. Selon elle, « la violence sexuelle utilisée comme forme de torture semble s’être banalisée durant les interrogatoires ».
Selon l’ONG, la plupart des femmes incarcérées ont déclaré avoir subi « des agressions sexuelles, des coups, des décharges électriques, des palpations et des attouchements en détention et durant les interrogatoires ».
22 enquêtes ouvertes sur 70 cas signalés
Sur ces 100 femmes interrogées, soixante-dix d’entre elles ont signalé les agressions à un juge ou à d’autres représentants de l’État, « mais des enquêtes n’ont été ouvertes que dans 22 cas », indique le rapport qui précise que « personne n’a été poursuivi ».
La grande majorité de ces femmes a été accusée d’infractions en liaison avec le crime organisé ou les stupéfiants. « Beaucoup d’entre elles viennent de familles pauvres, ce qui les rend moins susceptibles de pouvoir s’offrir une défense digne de ce nom », souligne Amnesty.
Le « cas Monica »
Parmi les cas présentés figure celui de Monica, 26 ans, mère de quatre enfants, « qui a été violée par six policiers, a reçu des décharges électriques sur les parties génitales, a été asphyxiée à l’aide d’un sac en plastique et a eu la tête plongée dans un seau d’eau » à Coahuila (nord) en 2013.
Selon l’ONG, les forces de l’ordre l’ont ensuite obligée à regarder son frère et son mari être torturés. Sur le trajet vers le parquet général, son mari a succombé « dans ses bras des suites des actes de torture qu’il avait subis ». Cette femme aurait ensuite été obligée de signer des « aveux » selon lesquels elle appartenait à un cartel de drogue, ajoute le document.
Malgré un rapport de la Commission nationale des droits humains (CNDH), d’août 2014, confirmant les actes de tortures infligés à cette jeune femme, aucun des auteurs présumés de ces abus n’a été inculpé, indique l’ONG.