Source : ACDV EDIT
Auteur : Grégoire Ancellin
Le 3 janvier 2017 (Publication originale en espagnol le 27 décembre 2016)
Traduction : Guillermo Uria
L’Association Canadienne pour le Droit et la Vérité (ACDV) tient à exprimer sa satisfaction au sujet de la remise en liberté de Luis Fernando Almario Rojas, laquelle a eu lieu le mercredi 27 décembre 2016.
Luis Fernando Almario Rojas était détenu à la Picota (Bogotá) depuis le 4 juillet 2012. Le 16 mars 2012, la Chambre Pénale de la Cour Suprême de Justice de Colombie l’avait reconnu coupable des délits de « conspiration » et de « contrainte de l’électorat », et pour cette raison l’avait condamné à 10 années de prison. À cette occasion, l’ACDV avait exprimé son inquiétude par rapport au manque de légitimité de la condamnation, fondée exclusivement sur les témoignages contradictoires d’anciens paramilitaires et guérilleros supposés.
En plus des doutes quant au bien-fondé de la décision de la justice, l’ACDV a montré que la privation de liberté de M. Almario Rojas dépassait la durée maximale prévue par la loi colombienne. En effet, après avoir purgé le temps prescrit, Almario Rojas aurait dû accéder à la libération conditionnelle depuis 18 mois.
En janvier 2015, l’ACDV a commencé à travailler sur le dossier de Luis Fernando Almario Rojas. Les membres de notre organisme se sont entretenus à plusieurs reprises avec la famille de Luis Fernando dans le but d’évaluer méticuleusement les arguments de la défense. Celle-ci affirme que les 27 témoins qui ont déclaré contre Luis Fernando Almario Rojas sont de « faux témoins ». Après avoir analysé le dossier en profondeur, la décision fut prise de soutenir M. Almario Rojas et sa famille dans la partie logistique de la défense.
En raison du caractère injustifié de son maintien en captivité, l’ACDV s’est adressé à la Commission Interaméricaine des Droits Humains le 3 septembre 2016 en déposant une demande d’application de mesures de protection (numéro de référence : MC-717-16). Une plainte complète contre l’État colombien a ensuite été envoyée le 26 septembre à la CIDH, laquelle est présentement en cours d’étude.
Au cours des 19 dernières années, Almario Rojas a été victime de menaces à sa vie de par l’invention continuelle de témoins dans le but de le maintenir captif. Almario Rojas a été assujetti à des processus judiciaires de manière récurrente et insistante depuis 1997; il a été à privé de liberté à plusieurs reprises, du 26 février 1998 au 17 décembre 1999, du 25 février 2007 au 5 mai 2009, et du 4 juillet 2012 à ce jour.
La ACDV réaffirme son appui moral envers Mr. Luis Fernando Almario Rojas et sa famille, et travaillera pour que les droits de ceux-ci soient respectés. Si, certes, nous saluons la décision de la justice colombienne de rendre sa liberté à M. Almario Rojas, nous devons également rappeler qu’il a été jugé à deux reprises pour le même supposé délit de « conspiration » (en 2007 et 2011), et ce même s’il avait été acquitté en 2007, ce qui représente une violation à la Constitution, d’autant plus grave que nous estimons que celle-ci a été perpétrée – parmi d’autres – par la Fiscalia et la Cour Suprême de Colombie.
Lors d’un entretien avec M. Grégoire Ancellin de l’ACDV immédiatement après sa libération, Luis Fernando nous a manifesté son désir de continuer la lutte, d’une part, pour assurer sa propre défense, d’autre part, pour montrer qu’il existe un grave problème de déni de justice en Colombie. Il est de plus déterminé à dénoncer la persécution dont lui, sa femme et ses trois enfants ont été victimes depuis des années. Nous partageons et soutenons la détermination de Luis Fernando Almario Rojas, d’autant plus que son combat aura pour effet d’aider les autres victimes de faux témoignages, elles aussi incarcérées à cause de déclarations fabriquées de la part d’anciens guérilleros et paramilitaires supposés.