Source : Proceso
Le 4 Juillet 2017 (Publication originale en Espagnol le 12 Août 2014)
Traduction : Suzanne Dufresne
L’affaire Wallace : Anabel Hernandez dénonce des menaces contre elle
Dans une lettre envoyée à Laura Borbola, la procureure du Bureau du Procureur Général de la République (PGR) contre les crimes envers les journalistes, la journaliste Anabel Hernandez déclare qu’elle est soumise à des représailles et de l’intimidation pour le rapport dans lequel elle remet en question l’enlèvement et le meurtre du fils de Isabel Miranda de Wallace, Hugo Alberto Torres Miranda et/ou Hugo Alberto Wallace Miranda (Proceso 1961).
Dans son rapport, la journaliste souligne que Hugo Alberto a utilisé le premier acte de naissance émis dans le but de s’inscrire au registre des identifiants uniques de la population (CURP) en 2010.
Hernandez affirme dans sa lettre que l’unité anti-enlèvement de la PGR a ouvert une enquête contre elle (PGR/SEIDO/UEDMS/464/2014) sous les ordres de Miranda de Wallace, de manière abusive et en dehors de leur domaine d’expertise.
Elle indique que Lourdes Lopez Lucho Iturbide de l’unité anti-enlèvement au sein du Bureau du Procureur General pour les enquêtes spéciales sur le crime organisé (SEIDO), était l’agent responsable du lancement de l’enquête préliminaire.
“C’est évident qu’ouvrir une enquête contre moi est un acte arbitraire commis par les autorités fédérales, car si Maria Isabel Miranda considérait mon rapport comme étant diffamatoire, mon enquête aurait été considérée comme une affaire civile plutôt qu’une affaire criminelle. La PGR n’a pas l’expertise pour enquêter sur les questions reliées à la liberté de presse à moins que ces questions impliquent de la violence contre des journalistes. ” déclare Hernandez Garcia dans sa lettre.
La journaliste fait observer que certaines personnes ont témoigné au bureau du SEIDO dans le cadre de cette affaire, mais qu’elle n’a jamais été ni convoquée ni avisée personnellement.
Parmi ces personnes, Hernandez fait remarquer qu’Enriqueta Cruz, a été appelée à témoigner hier, le 10 aout à 10h. Enriqueta Cruz est la mère de Brenda Quevedo Cruz, prétendument impliquée dans l’enlèvement du fils de Miranda.
“Ils l’interrogeaient constamment sur moi et la manière dont j’avais obtenu le certificat de naissance et de mariage de Maria Isabel Miranda Torres et Enrique Wallace datant de 1978 et non de 1968, comme elle l’avait déclaré à la PGR, malgré le fait que les certificats étaient des documents entièrement du domaine public et qu’ils ont été trouvés dans le registre civil,” explique Hernandez.
Elle soutient également que les agents du PGR ont également détenu Giel Meza, activiste de l’association Gente de Mexico por la Democracia, (“Peuple du Mexique pour la Démocratie), de façon arbitraire depuis le 16 juillet et sans subpoena.
“Ils l’ont emmené de force au bureau de la SEIDO, l’ont interrogé à mon sujet et ensuite, après l’avoir intimidé, l’ont relâché.”
Dans sa lettre, la journaliste demande que la Procureure Borbola “lance une enquête immédiate sur cette affaire, impliquant un complot individuel avec les autorités dans le but de menacer mon travail de journaliste.”
Hernandez Garcia assure qu’elle craint pour sa vie et son intégrité physique depuis que les personnes accusées de l’enlèvement et du meurtre de Hugo Alberto Wallace ont affirmé que des actes de torture avaient été commis contre eux par des agents de la PGR durant leur détention et leur interrogatoire, et ce sous les ordres de Miranda Wallace. Elle conclut que la Commission Nationale pour les Droits de l’Homme (CNDH) a confirmé ces actes de tortures.
“À ma connaissance, la PGR enquête à tort sur mon affaire et outrepasse son domaine de compétence. La façon dont j’ai obtenu les actes de naissance de Hugo Alberto et de mariage de Miranda de Wallace n’est évidemment pas un crime, mais correspond à un droit d’exercer la liberté de presse et le journalisme d’investigation. De plus, tout le monde a le droit d’accéder à ces deux documents qui appartiennent au registre civil du district fédéral. Ce n’est en aucun cas un crime fédéral, sans parler d’un problème qui justifierait l’intervention de l’unité anti-enlèvement. Clairement, cela implique une tentative d’intimidation à mon endroit pour m’empêcher de travailler en tant que journaliste d’investigation.”
Hernandez affirme aussi qu’elle redoute d’être empêchée d’entrer ou de sortir du pays, de faire l’objet d’abus, de violence, torture ou même de “disparaître” “comme Miranda Torres l’a déjà fait contre d’autres en complotant avec les autorités fédérales”.
La journaliste demande que la Procureur du FEADLE intervienne immédiatement au cas où elle serait arrêtée à l’aéroport ou ailleurs, dans le but de protéger son intégrité physique et ses droits.
“Étant donné l’état d’urgence et que je ne serai pas capable de me présenter devant le bureau de la Procureure de la PGR dans le but de déposer une plainte officielle contre les responsables, ni de déposer une autre plainte officielle auprès de la CNDH pour abus d’autorité (de la part de l’unité anti-enlèvement de la PGR), je demande légitimement que ce courriel soit lui-même considéré comme une plainte officielle devant le bureau de la Procureure et la CNDH. Je la ratifierai jeudi prochain au retour de mon voyage d’affaire,” déclare-t-elle.
Anabel Hernandez souligne dans sa lettre qu’elle est actuellement sous la protection du gouvernement fédéral et bénéficie de mesures de protection spéciales pour les journalistes depuis qu’elle a été la cible de menaces et d’attaque : son domicile a été endommagé et il existe des présumés complots dans le but de l’assassiner.
Elle ajoute également que les Nations Unies, de même que plusieurs pays de l’Union Européenne et les États-Unis ont exprimé leur inquiétude en ce qui a trait à l’augmentation des violences à son encontre, et aux obstacles qui l’empêchent d’exercer correctement son métier de journaliste d’investigation.