Source: El Universal
Auteur: Ricardo Raphael
Le 2 décembre 2019 (Publication originale en Espagnol el 6 de noviembre de 2019)
Traduction: Emmanuelle Gauthier-Lamer
Gualberto: l’agent du gouvernement mexicain qui inventait les enlèvements
Falsification de documents, simulation de preuves, vol qualifié, association criminelle, torture et traitements cruels et inhumains: Gualberto Ramírez Gutiérrez, qui a dirigé pendant neuf ans l’Unité Anti-enlèvement du Bureau du Procureur Général (PGR), désormais un ministère public, a été condamné pour tous ces crimes.
Le mandat d’arrêt délivré il y a quelques jours à l’encontre de cet ancien fonctionnaire constitue un argument pertinent en vue de revisiter certaines des affaires les plus controversées dans lesquelles Ramírez Gutiérrez a été impliqué au cours de la dernière décennie.
Notamment, les cas de Vallarta-Cassez, Wallace, Martí ou Ayotzinapa ont été signalés pour la présence de preuves fabriquées de toutes pièces, pour l’obtention de témoignages sous la torture, ainsi que pour l’association illicite entre criminels et autorités.
Ce ne sont là que quelques-uns des milliers de dossiers qui sont passés par le bureau de Gualberto Ramírez Gutiérrez. Les plus notables, certes, mais évidemment pas les seuls contre lesquels il a agi selon un présumé schéma similaire.
Dans ce contexte, l’on comprend pourquoi, à l’arrivée Alejandro Gertz Manero au poste de procureur général, le fonctionnaire a été démis de ses fonctions d’une manière fulminante et ses dossiers ont été confisqués.
Il pèse contre lui une première plainte déposée par Ana Patricia Moller Vuilleumier, une femme dont le témoignage avait été fabriqué pour l’accuser d’actes criminels qu’elle n’a pas commis.
Selon le rapport, le conjoint de la victime a payé un avocat pour lancer une poursuite contre elle, l’accusant d’avoir participé à un gang criminel inventé. Cet avocat, à son tour, aurait obtenu les services de Gualberto Ramírez Gutiérrez et de ses ministères publics pour faire aboutir la fausse accusation.
Dans le cas où ce postulat s’avère être fondé, cela impliquerait que l’Unité de lutte contre les enlèvements de la PGR – sous les gouvernements de Felipe Calderón et d’Enrique Peña Nieto – aurait fourni, entre autres services, la fabrication de coupables du crime organisé.
Les cas mentionnés ci-dessus, tels que la triade Wallace-Cassez-Martí, présentent plusieurs éléments permettant d’exposer le modus operandi de cette unité essentielle pour lutter contre l’impunité criminelle.
Dans l’affaire Wallace, par exemple, une goutte de sang de la présumée victime, Hugo Alberto León Miranda, a été falsifiée pour amener six innocents derrière les barreaux. Dans l’affaire Cassez, on aurait inventé la célèbre bande du Zodiaque, qui a détruit la vie d’une citoyenne française et de toute la famille Vallarta.
Et, dans l’affaire Martí, deux gangs auraient été inventés, supposément composées de plus de quarante personnes desquelles la responsabilité n’a pas été complètement clarifiée.
Le fait qu’un juge ait ordonné la suspension du mandat d’arrêt à l’encontre de Gualberto Ramírez Gutiérrez n’implique d’aucune façon que les enquêtes à son égard vont cesser.
De fait, il convient de se demander si, plus haut, ceux qui étaient ses supérieurs dans la PGR n’ont pas été complices de crimes similaires à ceux qui sont reprochés à Ramírez Gutiérrez.
Les mêmes questions doivent être posées au sujet d’une longue liste de ministères publics, qui ont été repris par le bureau du procureur général, mais qui ont été comblés très rapidement par les gouvernements de la CDMX et de l’Edomex, avec la quatrième transformation.
En fait, l’école à laquelle appartient Gualberto Ramírez voit encore ses meilleurs élèves protégés par les effectifs des procureurs opérant dans la Vallée du Mexique.