Droits humains au Mexique (13 mai 2019)

Source: International Tribunal of Conscience
Auteur: National Lawyers Guild 
Le 13 mai 2019 (Publication originale en espagnol le 21 août 2018) 
Traduction: Sandrine Blanvillin

 

Conclusions préliminaires du Tribunal international de conscience – (TIC) – après les audiences qui se sont tenues au Mexique dans la ville de Puebla, l’état de Guerrero, l’état ainsi que la ville de Mexico.

Le Tribunal international de conscience (TIC) a tenu des audiences du 11 au 18 août 2018 dans les lieux cités ci-dessus.  Le Mexique est l’un des états du monde les plus violents, étant donné les violations récurrentes de la protection des personnes, des droits de l’Homme et de droits politiques. Nous avons établi que le climat de violence présente de nombreux défis pour mener une vie digne garantissant fiabilité et transparence. Nous constatons que les institutions dirigeantes de tout niveau n’ont aucun diagnostique, ni aucune stratégie pour faire face à une violence institutionnelle et généralisée. Le TIC était dirigé par l’Association nationale des avocats des États-Unis, avec la collaboration des organismes suivants afin de valider la conformité de la décision du Tribunal de New York  en 2015:

L’Association mexicaine des avocats du peuple de Guerrero (AMAP-Guerrero) ; le Centre des droits de l’Homme Minerva Bello-Guerrero ; la Coordination nationale Plan d’Ayala – le Mouvement national Puebla (CNPA-MN) ; le Centre des droits de l’Homme de l’Université de Dayton-Ohio ; l’Association de la prévention, de la formation et de la défense des migrants (PRECADEM AC-CdMx) ; le Collectif pour la paix en Colombie depuis Mexico (COLPAZ-CdMx) ; l’Association des familles de détenus disparus et de victimes de violation de droits de l’Homme au Mexique (AFADEM-FEDEFAM) ; la Commission citoyenne des droits de l’homme du Nord-Ouest AC ; l’Assemblée des diasporas – Confédération de la diaspora péruvienne (CDP-PERUALLIANCE) ; En Vero (Association canadienne pour le droit et la vérité), la Ligue mexicaine pour la défense des droits de l’Homme-CdMx.

Nous nous sommes rendus dans trois états et une ville : Puebla, Guerrero, l’état et la ville de Mexico où nous sommes joints à différents acteurs de la société : des individus, des groupes religieux, des victimes de violence, des organisations des droits de l’Homme, des étudiants du Chiapas et d’Ayotzinapa, et des universitaires.

 

Évaluations préliminaires :
  • Un sentiment général de terreur est perceptible.
  • Toutes les personnes que nous avons entendues, considèrent que le Tribunal international pourrait générer un sentiment de sécurité, plus d’implication citoyenne et une possible diminution d’actes d’atteinte à la vie.
  • Nous avons observé que les zones rurales, Chilapa et Carisalio, n’offraient pas de bonnes conditions de sécurité et de travail pour le Tribunal.
  • Nous avons reçu de multiples témoignages de menaces d’atteinte à la vie, d’enlèvements, de massacres, d’exécutions sommaires, de torture, de déplacement forcé à cause d’industries transnationales qui utilisent le crime organisé pour garantir leurs intérêts, un détournement des ressources publiques destinées à des programmes sociaux, privatisées pour soutenir l’investissement étranger.
  • De nombreuses personnes nous ont fait part de leur méfiance envers les médias de masse qui sont effrayés et dissimulent la réalité des menaces, des intérêts officiels et d’autres intérêts cachés.
  • De nombreuses personnes nous ont rapporté des déplacements et des disparitions pour cause de complicité entre les autorités et le crime organisé.
  • De nombreuses personnes ont rapporté un manque de suivi concernant les cas portés contre l’armée, la police et le crime organisé devant les autorités étatiques ou fédérales au pénal, spécialement dans les zones à risques telles que Guerrero où aucun responsable n’a été présenté devant la justice, ni condamné.
  • Dans l’état de Guerrero comme dans le reste du pays, il y a un grand nombre de prisonniers politiques, contre lesquels de fausses preuves ont été présentées par la communauté elle-même ou les institutions, ce que le gouvernement ne reconnait pas. Pourtant, à l’occasion de diverses entrevues dans les états et la ville que nous avons visités, plusieurs intervenants nous ont exprimé leurs préoccupations quant à la possibilité que des fonctionnaires du gouvernement fabriquent des preuves pour justifier l’emprisonnement ou la torture.

Cela s’est déjà produit par le passé, dans ce que l’on a appelé « La Guerre sale », qui a eu lieu de 1970 à 1979. Des fonctionnaires du gouvernement ne se présentaient pas dans le cadre de leurs fonctions, soit parce qu’ils avaient reçu des menaces, soit parce qu’ils avaient été payés, permettant ainsi que des personnes avec des intérêts partisans ou autres, prennent leur place.

Nous soulignons que dans ce contexte de violations des droits de l’Homme et de violence qui existe au Mexique, l’État a besoin de renforcer ses efforts afin de garantir les droits de l’Homme, et tout particulièrement l’exercice des droits politiques dans un carde citoyen, afin de garantir un environnement sans violence où la volonté populaire puisse s’exprimer, sans intimidation, inhibition ou contrainte.

L’Association nationale des avocats a prévu que le Tribunal siégerait au Mexique en novembre 2018. Lors de cette étape, nous avons l’intention de coordonner nos efforts selon les différentes propositions d’observation des membres de la société civile, des groupes religieux, des victimes de violence, des organisations des droits de l’Homme, des étudiants du Chiapas et d’Ayotzinapa, et des universitaires.