Auteure : María Gutiérrez Díaz
Le 26 février 2016 (publication originale en espagnol le 30 octobre 2015)
Traduction : Grégoire Ancellin
Assistance : Guillermo Uria
L’ex-membre du Congrès de Caqueta en Colombie, Luis Fernando Almario Rojas fut mis en accusation en lien avec l’assassinat de la famille Turbay Cote, probablement commis par la guérilla des FARC le 29 Décembre 2000, en raison des liens supposés de la famille avec les paramilitaires et les FARC.
En Mars 2015, l’ACDV s’est prononcée en faveur de la libération immédiate de Luis Fernando Rojas Almario et a sollicité que des mesures de protection soient mises en place pour assurer sa sécurité. Plus de huit mois ont passé et la décision de la Chambre de Cassation de la Cour suprême se fait toujours attendre.
Le 13 Juillet, 2015, Luis Fernando Almario Rojas a déposé une plainte au bureau du Procureur Général contre Hutchison Generoso Lugo pour dénoncer les probables infractions pénales et disciplinaires commises par ce dernier, en vertu de l’article 1112 UDH et DIH. Lugo, Procureur 28 UDH et DIH, est qui mène les enquêtess concernant l’attaque dont a été lui-même victime Almario Rojas en 2001 à Florence, sa maison ayant été bombardée par les FARC. Malgré les rapports de renseignement collectés à l’époque par diverses autorités, le Procureur Lugo semble suivre une piste qui néglige les éléments de la version officielle. Lugo maintient en effet que Luis Fernando Almario Rojas n’etait pas présent lors de l’attaque perpétrée et que sa maison vide. Il va même jusqu’à prétendre que c’est Almario Rojas qui aurait planifié et mis en scène l’attentat contre lui.
Almario Rojas a par ailleurs déposé une autre plainte le 18 Août 2015, cette fois contre José Germán Senna Pico pour des allégations de parjure. Cette plainte est présumée être archivée en raison de l’absence de réponse du bureau du Procureur. Dans la plainte déposée, il est démontré que le Procureur Reyes Cala a recours à de faux arguments, comme l’annonce de la sentence alléguée contre l’accusé, tenant pour acquis que le bureau du Procureur ne peut pas agir en tant qu’instance tierce pour une sentence déjà reçue, ce qui s’avère faux, puisque Luis Fernando Almario Rojas n’a encore jamais été reconnu coupable d’aucun crime.
Également, dans sa plainte, Almario Rojas met en évidence les incohérences et contradictions du Procureur Reyes, lequel affirme que « ce que l’on constate, c’est que le plaignant se cachait comme s’il s’agissait d’un jeu et ne comparaissait pas à son procès, jusqu’à ce qu’il fut finalement sanctionné », autre incongruité puisque, encore une fois, l’accusé n’a jamais été condamné et n’a donc jamais dû se présenter lors de sa sentence, ni partant se cacher.
Ainsi, la plainte vise à exposer que le bureau du Procureur a commis les délits de prévarication et de fausses déclarations dans un document publique.
La plainte sollicite finalement un droit de pétition devant le Procureur Général de la Nation, M.Eduardo Montealegre, en date du 24 Août, 2015, en vue de s’enquérir des avancées dans l’enquête effectuée au sujet de Fernando Bahamon Céspedes; témoins-clé de l’accusation, alors que ce dernier a pourtant été reconnu comme faux témoin par la Cour Suprême de Colombie, ce qui ne l’empêche pas d’être toujours tenu comme un témoin valable par le bureau du Procureur dans les poursuites intentées contre Almario Rojas.
Ce sont la négligence et les manquements des autorités colombiennes dans l’enquête sur le cas probable de faux témoignage par Bahamon Fernando Céspedes qui sont à l’origine de la privation de liberté dont souffre actuellement Luis Fernando Almario Rojas, alors même que des preuves plus que suffisantes démontrent que le témoignage de Céspedes est faux. La Cour Suprême a elle-même écarté le témoignage de ce dernier livré le 26 août 2009 dans lequel il déclarait sous serment qu’en qualité de chef de la sécurité de Teofilo Forero chez les FARC dans la municipalité de San Vicente del Caguán, il avait été témoin des réunions entre Almario Rojas et les membres des FARC en 2000, réunions au cours desquelles aurait soi-disant été planifié l’assassinat des membres de la famille Turbay.
C’est ainsi que nous sommes en droit de nous demander : Comment se fait-il que le Ministère Public continue à utiliser des faux témoins par ailleurs comme tels par la Cour Suprême de Colombie, utilisation qui cause des dommages irréparables à l’honneur et à la vie de personnes innocentes comme l’est Luis Fernando Rojas Almario? La parole revient au bureau du Procureur.