Source: MVS Noticias
Auteur: Rene Cruz
Le 17 juillet 2020 (Publication originale en Espagnol le 16 juillet 2019)
Traduction: Noémie Deschênes
Isabel Miranda dénonce des attaques contre sa personne; la mère de Brenda Quevedo dénonce les chaînes de la corruption.
Pour les 14 ans de l’homicide d’Hugo Alberto Wallace, les deux mères ont écrit une lettre à leur enfant.
Lire la première partie de la note (Espagnol): ici.
Lettre à mon fils Hugo A. Wallace pour les 14 ans de son enlèvement.
Mon fils, aujourd’hui, le 11 juillet 2019, cela fait maintenant 14 ans que se sont produits ton enlèvement et ton assassinat. Cela me parait toute une vie sans toi, à souffrir, à pleurer ton absence, à m’ennuyer de tes étreintes, de ton sourire, de ta joie, de ton affection. Bref, tu me manques. N’importe quel père ou n’importe quelle mère comprendra ce que signifie la perte d’un enfant. Encore plus sous la forme tellement violente qu’ils t’ont arraché à notre famille; en découpant ton corps, nous laissant sans le réconfort d’avoir un lieu où te pleurer et sans avoir eu l’opportunité de recevoir des sépultures chrétiennes. Juste cela en soit est assez douloureux.
Si à cela nous ajoutons le calvaire que nous avons vécu, comme famille, en essayant d’obtenir justice, nous qui avons dédié autant de temps en litige et à trouver ce que t’ont fait les sans-cœurs qui t’ont séquestré, en plus de nous exposer à vivre dans ces climats dangereux, cela pèse encore plus sur notre vécu. Mais maintenant, notre indignation est à son comble, car il existe des personnes, qui, non seulement ne respectent pas notre douleur en tant que famille, mais en plus, aident tes kidnappeurs à essayer d’échapper à leur responsabilité. Le comble est qu’ils nous attaquent sans fondement, d’une façon si lâche et si grossière, toi qui n’y es plus pour te défendre, et notre famille, en essayant de nous vilipender et en attaquant notre dignité, avec l’intention de nous revictimiser et en transformant tes kidnappeurs en héros. Ils falsifient les documents et tentent de nous faire voir comme les méchants. Ce qui en plus de démontrer une grande ignorance de la part des responsables, atteste de leur caractère insensible et mesquin. Ils essaient d’obtenir argent et notoriété en utilisant ta mort et notre douleur, sans leur importer ce que vit ta fille. J’ai demandé à Dieu qu’Il leur rende par mille le même tort qu’ils nous ont causé, de même qu’à ceux qui nous ont soutenus : aux moyens de communication qui nous ont aidés à augmenter la visibilité de ton cas, à toutes les personnes qui nous ont vaillamment informés pour pouvoir fournir des preuves suffisantes pour incarcérer tes kidnappeurs.
Je demande à Dieu et aux autorités, au Président de la République, L. Andrés Manuel López Obrador, au pouvoir judiciaire et jusqu’aux derniers des juges qui ont à intervenir sur ton cas, de mettre fin à l’usure et la souffrance que toute la famille continue de subir. Nous avons besoin de justice pour pouvoir vivre en paix. Nous avons besoin que les séquestreurs paient de leur emprisonnement pour ce qu’ils t’ont fait et pour qu’ils ne blessent personne d’autre. J’ai confiance en ce qu’il (sic.) intervienne et qu’il corrige le déplorable message de protection aux délinquants que quelques-uns de ses fonctionnaires ont envoyé aux Mexicains en paraissant sur des photos en compagnie de familles de kidnappeurs. Je veux croire qu’ils ont été trompés et qu’il n’y aura pas d’impunité, dans ce cas et dans aucun autre, car je suis sûre que notre gouvernement n’est pas d’accord avec le fait de soutenir les délinquants. Je veux avoir confiance dans ces principes que proclame le président Andrés Manuel López Obrador : « Nous ne sommes pas comme nos prédecesseurs, nous ne permettrons pas l’impunité, nous ne sommes pas des dissimulateurs. Nous voulons que la justice au Mexique devienne réalité et nous sommes pour une transformation ».
Je t’aime et je ne renoncerai pas à obtenir la justice pour ton cas.
Ta mère
En réponse à cette publication : « Isabel Miranda dénonce des attaques contre sa personne », publiée le 11 juillet 2019, l’organisation de défense des droits humains EN VERO a sollicité à MVS Noticias la publication d’une lettre écrite par Enriqueta Cruz Gómez, la mère de Brenda Quevedo Cruz. Cette dernière est accusée dans l’affaire Wallace.
Dans la missive adressée à sa fille, Enriqueta Cruz Gómez dénonce les chaines de corruption et des faveurs politiques dans lesquelles le procès de sa fille se trouve pris et qui n’ont toujours pas été brisées. « Comme ’on t’a crucifiée et condamnée avant même d’avoir été jugée. […] La seule chose qu’ils ont contre toi est cette terrible déclaration du 8 février 2006, qu’ils ont malheureusement fait signer à Juana Hilda González Lomeli sous la contrainte, les menaces et la maltraitance physique et psychologique… » qu’on peut lire dans la lettre datée du 15 juillet 2019 dans la ville de México.
Dans la lettre, Enriqueta Cruz supplie sa fille de rester vaillante et de continuer à se battre avec la force de se savoir innocente.
La mère de Brenda Quevedo a écrit à sa fille :
Cette lettre d’Enriqueta Cruz Gómez est adressée à sa fille, Brenda Quevedo Cruz, acccusée dans la fausse Affaire Wallace.
Ma chère fille,
Cela fait 14 ans que ce cauchemar a débuté, un cauchemar dans lequel un esprit malade et malsain a eu l’idée d’inventer l’enlèvement de son fils, d’accuser pour cela des gens qui sont, comme toi, innocents, toi à qui on a arraché, alors en pleine jeunesse et d’un seul coup de couperet, ta vision du monde, ton sourire, ton identité, ta quiétude. C’est une date qui restera gravée pour toute notre famille parce qu’elle nous a aussi infligé une grave blessure à l’âme.
Il y a 14 ans que, malheureusement, ce géant aux 7 têtes t’a exhibée sur des pancartes de publicité comme si tu étais une grande kidnappeuse et une meurtrière, sans te donner l’opportunité de te défendre et de prouver ton innocence, combattre avec la présomption d’innocence, et qui, sans aucun scrupule, n’a pas cessé pendant toutes ces années de te diffamer, de te calomnier jusqu’à la satiété, de la forme la plus vile que l’on puisse faire à un être humain.
Malheureusement, tu as eu, en plus, à souffrir de tortures infâmes en deux occasions parce que, usant de son pouvoir politique et de ses influences, Mme. María Isabel Miranda de Wallace et les autorités complices ont pu entrer dans les édifices carcéraux comme dans leur propre maison. Des êtres infernaux qui t’ont fait tant de mal, mais qui heureusement, ne sont pas arrivés à leur fin : que tu signes une confession pour quelque chose que tu n’as pas fait. Dieu m’en est témoin : avec ce qu’ils t’ont fait, ils m’ont massacrée en même temps, puisque je suis ta mère et que j’aurais donné ma vie pour que jamais tu ne souffres.
Après 14 ans de tant de perversités, ma fille, je te supplie de rester aussi vaillante que tu l’as été jusqu’à maintenant; car tu sais ce que tu vaux et parce que Dieu a placé sur notre chemin de belles personnes : avocats, journalistes, écrivains, activistes, prêtes. En étudiant le dossier, ils se sont rendu compte qu’il n’y avait aucune preuve fiable pour démontrer la véracité des faits allégués; mais ils ont aussi compris qu’ils ne pourraient pas briser ces chaînes de corruption et des faveurs politiques dans lesquelles le procès se trouve pris. On t’a crucifiée et condamnée sans autre forme de procès.
Après 14 ans d’impunité, dans lesquels il a été démontré de manière indiscutable que, ce jour du 11 juillet 2005, il ne s’est rien passé, la seule chose qu’ils ont contre toi est cette terrible déclaration datant du 8 février 2006, qu’ils ont malheureusement fait signer à Juana Hilda González Lomeli sous la contrainte, les menaces et la maltraitance physique et psychologique. Nous nous rappelons avec douleur et colère qu’au cours des dernières 6 années, la loi était du côté des puissants et qu’elle obéissait à ce qu’ils disaient et faisaient. Aujourd’hui, nous sommes plein d’espoir à l’égard de notre nouveau gouvernement, la “Quatrième Transformation” (Cuarta Transformación). Nous avons confiance que ton cas sera analysé et que la balance ne penche plus de l’autre côté.
Après 14 ans, je te supplie, ma fille, de continuer à te battre, à te battre toujours comme une guerrière, avec la force de te savoir innocente, la tête très haute et avec cette foi inébranlable en Dieu, car Lui seul sait quand Il t’ouvrira les portes de la liberté.
Ta mère qui t’admire et qui t’aime tant,
Enriqueta Cruz Gómez, Mère de Brenda Quevedo.